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J’ai animé un débat en banlieue

Nous sommes le 12 mars et les giboulées sont au rendez-vous. La grande salle de la Maison du temps libre à Stains (93) se remplit peu à peu. Des habitants, des responsables associatifs, un délégué du préfet pour la politique de la ville… ont répondu présents à l’invitation lancée par le Conseil citoyen : participer à une réunion publique dans le cadre du grand débat national. Les deux thèmes retenus sur les quatre proposés par le gouvernement sont : Démocratie et citoyenneté et Fiscalité et dépenses publiques. Le Conseil citoyen m’a proposé d’animer le débat. Je lance la première thématique. Commence une discussion animée sur la parole donnée aux citoyens et leur place dans les décisions locales. Nombreux sont ceux qui déplorent l’absence du maire et d’élus de la majorité. D’autres s’en moquent : « on est là pour débattre entre citoyens, pas besoin d’élus ».

Des témoignages se succèdent sur l’abstention – pourquoi ne pas instaurer le vote obligatoire, dit un membre du Conseil citoyen -, le manque de concertation sur les choix de la mairie en matière de santé ou la pertinence de lancer un référendum d’initiative citoyenne à Stains, en banlieue. Ce qui revient à chaque intervention, c’est le manque de transparence et d’informations, notamment sur l’utilisation de l’argent public. « Or, quand c’est flou, la méfiance s’installe », dit un jeune stanois habillé en costard-cravate. J’en profite pour évoquer une initiative intéressante mise en place dans certaines villes : l’observatoire des engagements. Des citoyens sont chargés de suivre la mise en œuvre des engagements pris par la majorité municipale lors de la campagne électorale. Un outil de démocratie participative qui a fait ses preuves. La proposition est notée, elle sera, parmi d’autres, relayée en haut lieu.

Le débat se poursuit et les esprits s’échauffent. La colère est palpable. « Il y a un malaise », constate le jeune stanois en costard. « En banlieue, nous sommes gilets jaunes depuis bien longtemps », affirme une habitante. Grâce à l’intervention de figures du quartier, la tension redescend et nous abordons la deuxième thématique dans le calme. Là encore, les participants déplorent le manque de transparence sur l’utilisation des impôts. « Il faudrait que l’information arrive à nous, de façon simple, sans qu’on ait à aller la chercher », propose une élue de l’opposition. Beaucoup opinent.

Il commence à se faire tard. Le débat se clôt dans une ambiance bon enfant. Un des membres du Conseil citoyen a acheté des biscuits, des bananes et des mandarines. On les partage tout en se félicitant que ce débat ait eu lieu. Débattre, c’est déjà un pas vers la reconnaissance.