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Engagez-vous qu’ils disaient !

Quand j’ai commencé à travailler en tant que journaliste, je souhaitais devenir critique de théâtre. Très vite, lors d’un stage, on m’en a dissuadé. Les arguments ont alors fait mouche : petit milieu, très restreint, difficile d’y faire sa place, et surtout, une voie qui ne permet pas « d’inventer » ses sujets. Un critique réagit aux œuvres des autres, un journaliste « société » peut choisir un thème et l’angler de multiples façons. Le conseil était pertinent, je l’ai suivi, sans jamais l’avoir regretté.

De fait, depuis mes débuts dans la profession, je me suis passionnée pour la notion d’engagement. Lorsque j’étais rédactrice en chef de Place Publique – le site des initiatives citoyennes, c’était même le cœur de notre ligne éditoriale. J’ai, depuis, écrit de nombreux livres et articles, tourné des vidéos et enregistré une dizaine de podcasts sur cette thématique. A l’heure où je fête mes vingt-cinq ans de métier, je constate que c’est sans doute le sujet que j’ai le plus traité en m’intéressant au bénévolat, à l’innovation sociale, à la démocratie participative, au pouvoir d’agir… et, plus récemment, au dispositif « service civique » (livre et podcasts en projet). 

Je n’ai pour ma part jamais été impliquée de façon durable dans une structure. Jeune, j’ai pris une carte à Sos Racisme dont je n’ai jamais rien fait (on ne m’a jamais rien demandé non plus). Plus âgée, j’ai fait un peu de soutien scolaire. Un peu plus tard, je me suis engagée dans un parti une année d’élections présidentielles. Expérience décevante sur le plan humain, politique et intellectuel. Issue d’une famille de militants, je n’ai pas hérité de cette fibre-là. Mon engagement, finalement, c’est de valoriser celles et ceux qui s’engagent, d’analyser à travers des enquêtes au long cours les ressorts de ce rapport au monde, d’en pointer également les contradictions. Un thème que je traite notamment dans mon deuxième polar (non édité à ce jour), Homo associatus.

Depuis vingt-cinq ans, je me nourris de la richesse humaine, sociétale et politique de ces sujets. Parfois, il me plaît à croire qu’en y consacrant une large part de ma vie de journaliste, je fais ma part*.

*Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! «  Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »