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Banlieue, mon amour !

La première fois que j’ai arpenté une banlieue pour un reportage, c’était à Stains, en Seine-Saint-Denis. J’avais 27 ans et, en « bonne parisienne », ces territoires au-delà du périphérique m’étaient totalement inconnus. J’occupais depuis peu la fonction de rédactrice en chef de Place Publique, le site des initiatives citoyennes, et j’allais à la rencontre d’une créatrice d’un restaurant associatif en bas d’une tour HLM. Le reportage fut rude à plus d’un titre : détresse de la personne dont je faisais le portrait (son fils s’était suicidé), hostilité de certains clients du restaurant, découverte d’une misère sociale dont j’étais jusque-là protégée…

Je me souviens avoir fui Stains avec un grand soulagement une fois l’interview terminée. Mais, malgré (ou grâce) à cette première expérience riche en émotions, je me suis passionnée pour ces quartiers et leurs habitants. C’est, depuis, l’un des fils rouges de ma carrière, sans doute le plus important. J’ai consacré à la banlieue de nombreux articles, des livres, un site web et même un jeu de société largement inspiré de ma connaissance de ces territoires.

Aujourd’hui, je l’appréhende encore d’une nouvelle façon en étant journaliste en résidence à Stains (93) et Epinay (93). Ce dispositif, mis en place par le ministère de la Culture, me permet d’accompagner des créations de blogs ou de journaux papier, de former les citoyens à l’écriture journalistique, de mener des actions d’éducation aux médias… La résidence a démarré en septembre 2018 et s’achèvera en mai 2019 avec possibilité de reconduction. Une démarche utile qui présente un avantage considérable : donner du temps au projet de se monter, au dialogue de se nouer et à la confiance de s’instaurer !