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Les animaux et moi

Du plus loin qu’il m’en souvienne, j’ai toujours aimé les animaux. A 2 ans, j’ai réclamé un chat. Mes parents ont cédé. Ce fut le premier d’une longue série. A 8 ans, j’ai réclamé un chien. Mes parents ont à nouveau cédé. J’ai eu avec Rama – un magnifique Setter anglais – une relation unique. On ne remplace jamais le chien de son enfance. Petite, à quelques exceptions près, je ne pleurais devant les films que quand un animal était maltraité ou mourait. J’aimais bien les westerns mais lors des batailles entre Cow-boys et Indiens je n’étais préoccupée que par les chevaux qui tombaient. Un de mes plus gros chagrins fut la mort de Cornélius et Zira, les héros des premiers films de la saga La Planète des singes. Je me souviens avoir versé beaucoup de larmes sur les genoux de mon père qui tentait en vain de me consoler.

Je dois une de mes cicatrices à un vieux chien malade que j’avais caressé sans en demander la permission. Il m’a mordu la joue, j’aurai pu perdre un œil. J’avais 5 ans et cela ne m’a aucunement traumatisé. Comme si j’exprimais à travers ce lien une part essentielle de moi-même. De fait, l’amour des animaux est un des fils rouges de ma vie. J’ai économisé sou après sou pour pouvoir me payer un safari en Tanzanie il y a quinze ans. J’ai en mémoire l’immense émotion quand, pour la première fois, j’ai vu des zèbres en liberté. On se sent alors si petit face à cette magnificence. 

Je peux dire aujourd’hui que j’ai beaucoup appris au contact de toutes ces bêtes. J’ai la chance aujourd’hui de vivre entourée de cinq chats, dont le mien, Choubaka, et d’un chien que nous avons depuis mars. Prendre soin d’eux, nouer des relations singulières avec chacun, observer leurs capacités à prendre du plaisir – pour les chats – ou à être joyeux – pour le chien… est un bonheur tous les jours renouvelé. 

J’évoquais mon chagrin devant La Planète des singes. Que dire de la mort du chien Karénine dans L’Insoutenable légèreté de l’être de Milan Kundera. Je finirai cet article par un extrait de ce livre magistral. Je pleure à chaque fois que je le lis. 

« On ne pourra jamais déterminer avec certitude dans quelle mesure nos relations avec autrui sont le résultat de nos sentiments, de notre amour ou non-amour, de notre bienveillance ou haine, et dans quelle mesure elles sont d’avance conditionnées par les rapports de force entre individus. La vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu’à l’égard de ceux qui ne représentent aucune force. Le véritable test moral de l’humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu’il échappe à notre regard), ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. Et c’est ici que s’est produite la faillite fondamentale de l’homme, si fondamentale que toutes les autres en découlent. »