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Maman

Hier, ma maman a eu 80 ans. Je peine à le croire. Le temps a passé si vite. Je la revois encore avec ses cheveux bruns et bouclés, habillée à la mode des années 70, énergique et volontaire… Des qualités qui la caractérisent encore aujourd’hui. Depuis sa retraite de professeur à l’université en droit et sociologie, elle n’a jamais cessé de militer et de donner de son temps pour rendre cette société moins injuste. Bénévole à la Cimade durant dix ans, aidant de nombreux migrants à obtenir des papiers, elle va prochainement se consacrer à une association qui lutte contre les discriminations envers les femmes. Car féministe, ma mère l’a toujours été. Elle m’en a transmis l’essentiel : la conscience, assez tôt acquise, du prix de la liberté et l’importance, à tout âge renouvelée, de la défendre et de la préserver. J’espère avoir été à la hauteur de cet héritage.

Bien sûr, nous eûmes des orages, comme disait le chanteur. Et, parfois, au détour d’une phrase, il n’en faut pas beaucoup pour que nos démons se réveillent. La plupart du temps, nous réussissons à en parler, plus aujourd’hui qu’hier. D’autant que depuis le décès de mon père il y a plus d’un an, notre relation a évolué. Le trio est devenu duo, une nouvelle équation qui nous a soudée et qui provoque des situations inédites, comme cette semaine de vacances passée en Bretagne cet été avec mon compagnon et son fils cadet. L’occasion de cultiver notre lien et de le faire évoluer dans une configuration nouvelle. 

Beaucoup d’encre a coulé sur les rapports mères-filles. Et nous sommes sans doute tombées dans certains travers qui caractérisent parfois cette relation complexe. De quoi nourrir ma psyché, mes romans et parfois encore des ressentiments. Mais l’important n’est pas là. L’important, c’est cette complicité qui nous unit, ce dialogue que nous entretenons sur ce qui nous rapproche et ce qui nous différencie, ce respect réciproque pour les humaines que nous sommes… et cette certitude que nous pourrons toujours compter l’une sur l’autre. Un proverbe juif me revient alors que j’écris ces lignes… « Dieu ne pouvait être partout alors il a créé la mère ».