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Banlieues Créatives, 5 ans après

Il y a cinq ans, presque jour pour jour, je quittais mes fonctions de coordonnatrice de la plateforme Banlieues Créatives, que j’avais contribué à lancer fin 2013. Je ne ressens aucune nostalgie à cette évocation, je suis partie pour de bonnes raisons, sans aigreur ni remord. J’avais, à mes yeux, accompli ma tâche – d’autant que j’aime créer, un peu moins entretenir – et je souhaitais vivre d’autres aventures, avec d’autres collectifs. Peu de temps après, mue par une énergie que j’avais emmagasinée et qui ne demandait qu’à se déployer, je suis, du reste, devenue coordinatrice de la collection de journaux « Nous, jeunes », je me suis engagée dans la création de jeux de société, j’ai commencé une étroite collaboration avec la fédération des centres sociaux de France, etc.

Reste, cette expérience de trois ans au sein de Permis de vivre la ville restera comme l’une des plus riches de ma carrière. Je connaissais cette association depuis plusieurs années, y développer la plateforme web “Banlieues Créatives”, inspirée de mon livre éponyme (sorti en 2006 aux Éditions Autrement), fut à l’époque une évidence. L’idée avait germé au printemps 2012 à l’occasion d’un déjeuner. Un an et demi plus tard, nous lancions le site, le temps de décrocher les premières subventions, de mener et de réussir une campagne de crowdfunding, mais aussi de trouver notre façon de raconter des histoires. Permis de vivre la ville accueillait alors un chantier d’insertion dédié aux métiers du numérique et c’est avec des jeunes de ce dispositif que l’on réalisait les reportages, les interviews, les portraits, etc. De quoi donner encore plus de sens à notre action, mais c’était aussi une aubaine car la diversité des champs de compétences nous ouvrait de larges possibilités pour traiter nos sujets. Je trouve, par exemple, que nos vidéos mêlant motion design (pour introduire et contextualiser) et traitement journalistique gardent toute leur pertinence aujourd’hui tant sur le fond que sur la forme (voir, par exemple, le festival international du banc public). Et puis, ces reportages que nous couvrions à trois ou quatre, mélange improbable de styles, d’âges, d’origines, restent des souvenirs indélébiles. 

J’ai fait, durant ces quatre ans, de magnifiques rencontres aussi bien parmi les jeunes en insertion que chez les encadrants de l’association ou les personnes que nous allions filmer. Ces acteurs associatifs, ces intellectuels, ces artistes, ces élus… m’inspirent encore aujourd’hui. Et je ne peux pas clore ce billet sans rendre hommage à deux d’entre eux, qui nous ont quittés : Claude Dilain, qui fut maire de Clichy-sous-Bois, et Didier Lapeyronnie, sociologue ayant beaucoup travaillé sur la ségrégation urbaine. Tous deux, parmi d’autres, avaient soutenu notre démarche de valorisation de la formidable créativité des quartiers populaires. Une initiative parmi d’autres… toujours autant d’utilité publique !