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Le Mâle est fait : jour j

Jeudi 4 mai 2023, sortie en librairie de mon deuxième polar, Le Mâle est fait (Les Arènes). La fébrilité est à son comble. Car l’enjeu est de taille. D’abord, la série prend corps avec ce nouvel opus, les personnages, rencontrés dans Le Chat qui ne pouvait pas tourner (paru en mars 2022), évoluent au gré de l’enquête, des mutations, des rencontres… L’occasion de les rendre un peu plus attachants, de susciter le plaisir de retrouver des connaissances, perdues de vue depuis plusieurs mois. Le capitaine David Sterling et son équipe sont de retour et l’idée que des lecteurs.rices éprouvent de l’impatience à lire la suite de leurs aventures me ravit. En tout cas, si la série doit prendre… c’est maintenant !

Ensuite, si dans tout roman, un.e auteur.e met de soi, il y a dans celui-ci un petit quelque chose en plus. J’y évoque les rapports entre les deux sexes et leur violence potentielle, notamment les diktats physiques qui pèsent encore aujourd’hui sur le corps des femmes. J’ai moi-même subi ces diktats. Subi est le mot juste car je ne me suis jamais révolté contre ces injonctions normatives. Écrire ce livre m’a donc servi d’exutoire. J’espère que ce que traversent mes héroïnes fera écho au vécu de lectrices et qu’elles y trouveront un mode de réconfort, une identification apaisante. 

Je parlais des rapports hommes-femmes, sujet principal du livre. Là encore, certaines de mes propres histoires y sont distillées. J’aime décortiquer les relations, les sentiments, les mouvements psychiques, tout ce qui a trait à l’intime. J’ai donc creusé au plus profond de moi pour aller chercher l’inspiration et tenter d’être au plus juste dans la transposition des ressentis. De quoi provoquer un peu d’appréhension quant à la sortie du roman qui rime avec exposition. Mais c’est le jeu… On met ses tripes sur la table et on observe les réactions des un.e.s et des autres : lesdites tripes seront tour à tour déguster avec élégance, piétiner avec rage, contourner dans l’indifférence la plus totale, la pire des sanctions sans doute. Reste que jamais je ne regretterais cette formidable aventure qu’est la parution de ses romans. Être publiée fut pour moi un rêve qui m’a pendant longtemps paru inaccessible ; je mesure la chance que j’ai à l’aune aussi de ces années de galère. De fait, le pourcentage de manuscrits publiés sur la totalité de ceux soumis aux éditeurs est très faible. Je fais donc partie des ultras privilégiées. Et je ne boude pas mon plaisir. 

Je le disais, l’enjeu est de taille… pour des raisons intimes. Mais aussi sociales. Les thématiques abordées dans ce roman sont aujourd’hui centrales dans la société. J’espère que mes héroïnes et leurs réponses aux humiliations vécues et à la domination masculine apporteront leur petite pierre au débat. 

C’est donc le jour J. Je me sens comme une actrice juste avant de monter sur scène. Pour avoir fait un peu de théâtre dans ma vie, j’ai un souvenir précis de ce moment où se révèlent toutes les manifestations physiques de la peur mêlée à l’excitation : le pouls qui s’accélère, les mains qui tremblent, le ventre qui gargouille… Bref, on est au bord d’un précipice et on doit avancer, trop tard pour renoncer. Et puis, on franchit le dernier pas… Ne reste plus qu’à savourer.